Urinoir féminin : l’invention de Gina Périer
Du travail en agence à l'indépendance
Entrepreneuse de 29 ans, Gina Périer a suivi des études d'architecte à Paris, puis à Copenhague. Son master en poche, elle a ensuite décidé de s'installer définitivement dans la capitale danoise. Elle a alors dessiné et créé différentes installations pour un grand festival au Danemark.
Ayant travaillé pour de nombreuses agences dans le cadre de sa formation, l’architecte ambitionne toutefois de se mettre à son compte pour développer des créations plus personnelles.
C'est justement au cours de ce festival danois que naît l’idée de Lapee. Le constat de Gina ? Tandis que les hommes peuvent aller uriner en seulement quelques secondes, les femmes, elles, n’ont d’autre choix que de patienter dans des files d’attente interminables. « Je ne comprenais pas pourquoi il n’y avait pas encore de solutions pour les femmes, pour qu’elles puissent faire pipi rapidement. Je trouvais ce problème très injuste ».
Envie de vous lancer, vous aussi ?
Téléchargez gratuitement notre guide pour les femmes auto-entrepreneuses. Aides financières, accompagnements et réseaux, ce guide réunit toutes les clés pour vous lancer en toute sérénité.
Lapee : un enjeu sociétal et écologique
Les urinoirs pour hommes (autrefois appelés « vespasiennes ») existent depuis l’Antiquité ! Lapee a donc un double objectif : désengorger les files d’attente mais aussi rétablir l’égalité entre les sexes.
En forme d’hélices, les urinoirs Lapee peuvent accueillir jusqu’à trois femmes à la fois. Chacune, isolée dans une partie de la spirale, peut uriner sans être vue des autres, passants comme utilisatrices. Puisqu'ils sont en hauteur, ces urinoirs permettent également aux femmes d’avoir une vision d’ensemble sur l’extérieur.
Côté couleur, l’architecte a opté pour un rose flashy et assume pleinement l’utilisation de ce cliché. Dans le cadre d’une innovation, il est en effet plus simple d’afficher clairement sa cible en utilisant des stéréotypes connus de tous.
« On est caché par le design et on a l'intimité suffisante pour faire pipi, mais pas trop. C'est comme ça qu'on s'assure que les personnes vont l'utiliser très rapidement ». Résultat : au lieu de 3 minutes passées aux toilettes classiques, les femmes font pipi en seulement 30 secondes.
Conçus en plastique 100 % recyclable, les urinoirs Lapee ont une espérance de vie de dix ans et résistent aux UV, au lavage et aux détergents chimiques. De quoi supporter la razzia des festivals ! Mobiles, ils peuvent également être déplacés au gré des utilisations.
Aujourd’hui, l’urinoir Lapee est commercialisé dans 15 pays, surtout en Europe et en Australie. On les retrouve essentiellement sur les festivals, les sites d’évènements sportifs et même dans les rues de quelques grandes villes européennes.
Ecoutez l'épisode sur Apple Podcasts
Ecoutez l'épisode sur Spotify
Les clés de son succès
Gina Périer a créé un concept innovant mais pour se lancer, il lui a fallu persévérer. Business plan, recherche des investisseurs, création de la demande et communication, elle nous dit tout.
Recommandations et promotion active
Lors de son lancement, Gina a bénéficié de l'appui du Roskilde Festival, pour lequel elle a designé et créé le premier Lapee. Le festival a ensuite continué à la soutenir en rédigeant des lettres d’intention de location. « Quand on allait vers des investisseurs, on pouvait ainsi prouver qu'on avait des clients importants et très intéressés. »
Autre levier de croissance : la promotion de Lapee dans les médias. Télévision, presse papier, sites d’informations, l’architecte a bénéficié d’une large couverture médiatique.
Des soutiens de l’État
Le Roskilde festival a certes été d’une grande aide dans le lancement du produit mais Gina a dû faire face à d’autres questionnements. Comment créer son entreprise ? Quelles aides demander ? Comment se faire connaître ?
« Le Danemark était un super lieu pour démarrer car l’État a plein d’aides pour les entrepreneurs ». Elle précise aussi que la taille du pays a joué en sa faveur. Plus le pays est petit et plus il est facile de se faire connaître rapidement car les informations se propagent plus vite.
Le saviez-vous ?
Si vous souhaitez créer votre auto-entreprise en France, vous pouvez vous aussi profiter d’aides pour vous lancer ! Pour en savoir plus, consultez notre article sur les aides dédiées aux femmes auto-entrepreneuses.
Gina Périer explique aussi avoir perçu le chômage au début de son projet. Ce filet financier lui a permis de murir et développer son idée plus sereinement avant de se lancer pleinement dans son activité. En France, un auto-entrepreneur peut également cumuler chômage et revenus d’activité.
Une stratégie de croissance
Sa méthode : créer la demande auprès des acheteurs. « Il faut que je fasse la promotion du produit directement aux événements pour qu’ils le demandent ensuite à leurs prestataires. Ce sont eux [les sociétés de location de WC] qui m'achètent le produit, pas les événements. »
Malgré le fort développement de son entreprise, l’inventrice explique toutefois rester prudente et surtout s’entourer des bonnes personnes. « Je préfère faire grandir mon entreprise petit à petit et sûrement et en étant sûre que je peux garder les personnes ».
Femme et entrepreneuse : le regard de Gina Périer
Défendre un projet féministe
Convaincre les investisseurs ne fut pas une mince affaire, bon nombre d’entre eux doutant de l'utilité du produit et de l'existence même d'un besoin chez les femmes. Gina Périer a donc dû faire preuve de persévérance pour que son projet ne soit pas perçu comme « un truc de nana ».
« On sent qu’on peut perdre sa crédibilité en deux secondes. C'est pour ça qu'il faut garder son sérieux en permanence et avoir toujours des arguments à l'appui ».
Entreprendre dans un milieu masculin
Ingénieurs ou directeurs d’usines, ses interlocuteurs étaient majoritairement des hommes. L'écoute et la communication n'ont pas toujours été toujours des plus faciles, mais à force de compromis et de ténacité, la jeune architecte a fini par réussir à exprimer ses idées. « Quand on a beaucoup de batailles, les personnes finissent par t'écouter et ça, c'est satisfaisant »
Tenir malgré les difficultés financières
Le succès de Lapee fut vite au rendez-vous mais comme de nombreux entrepreneurs, Gina Périer a été rattrapée par la crise sanitaire. « On a eu le Covid qui a arrêté toute activité événementielle pendant deux ans. Et là, ça a été super dur. Ça a été dur de tenir tête, de rester dans la boîte, de continuer ».
Après avoir levé 250 000 €, l’entreprise Lapee a aujourd’hui repris le chemin de la croissance et continue de se développer. Pourtant, Gina affirme toujours vivre « sur un modèle de survie après le Covid, avec un salaire minimum ». Malgré ces difficultés financières, la jeune femme reste motivée. « Il faut savoir vivre simplement et être patient ». Doucement mais sûrement, son projet grandit et fait parler de lui. « Persévérance, résilience et patience » sont les maîtres-mots quand on se lance à son compte.
Vous aussi, vous souhaitez vous lancer dans le monde l’entrepreneuriat ? Contactez nos experts et créez votre activité !